Nicolas Rochat, le respect de la planète avant tout

Un subtil alliage d’entrepreneur-né et d’amoureux de la nature. Portrait.

Né en 1964, Nicolas Rochat est un subtil alliage d’entrepreneur-né et d’amoureux de la nature. C’est dans son ADN. La vision du monde et les valeurs, très fortes, de ses deux grands-pères, ont « fusionné » pour faire de lui l’homme qu’il est aujourd’hui. Du côté de son grand-père paternel, James Rochat, ancien chirurgien et médecin-chef de l’hôpital de la Vallée de Joux, Nicolas a hérité l’humanisme, l’amour de la forêt et le rapport à la nature : « En sa compagnie, j’arpentais les bois de la Vallée. Il m’emmenait bûcheronner dans sa forêt du Risoud, La Capitaine, aux champignons, à la pêche sur le lac, et le soir je mangeais des noisettes au coin du feu tout en l’écoutant, se souvient-t-il non sans émotion. C’était un vrai Combier, un formidable médecin, proche de la nature et des gens. » Son grand-père maternel, Friedrich Grohe, était un industriel allemand, propriétaire de l’entreprise éponyme, première marque de sanitaires au monde. « Il m’a appris la rigueur et l’exigence qui permettent d’emmener les projets vers le succès. Il possédait un souci du détail et de la qualité qui m’habitent au quotidien dans mon travail. »

Son travail justement. Après avoir racheté en 2004, la marque de vêtements de sport Mover, créée en Suède en 1982, Nicolas Rochat a fait faire un saut quantique à la société. Et c’est peu de le dire. L’entreprise était alors championne des matériaux industriels tels que le Gore-Tex, les membranes plastique, les sous-couches en polyamide et autres laines polaires en polyester. Peu à peu, les synthétiques ont été remplacés par des matières naturelles, comme la laine de mérinos pour doubler les vestes, la ouatine isolante à base de laine que Mover a inventée ou le Ventile, un coton étanche et respirant.

Aujourd’hui, les vêtements de la marque sont à 100% issus de matière naturelles. « Les micro-plastiques rejetés par nos habits sont un désastre écologique, explique-t-il. Avec Mover, je développe un projet industriel mais pour le mieux, pour provoquer une prise de conscience sur le rapport que nous avons à nos équipements et pourquoi pas contribuer à faire changer nos modèles économiques, un peu à la manière de Tesla avec les voitures électriques. » Il croit à son projet en raison de la sincérité qui le porte. « La sincérité confère beaucoup de puissance. C’est ça, mon côté Rochat ! » Il tient cependant à préciser, et ça c’est sans doute son côté Grohe, que la marque est avant tout technique, résolument tournée vers le sport et la performance.

Autres cordes à son arc d’entrepreneur, il a co-créé l’agence de publicité WGR en 1993, bien active aujourd’hui encore, et ouvert en 1996 le MYO, le meilleur restaurant japonais de Lausanne, noté 15/20 au Gault et Millau. Toujours avec le souci de préserver la nature, il a renoncé au thon il y a dix ans. Le MYO ne sert que du poisson sauvage et ses vins sont élevés selon les principes de la biodynamie. « Nous avons fait un vrai travail de réflexion, à la fois sur la qualité et sur l’éthique. » Mais d’où Nicolas Rochat tire-t-il son énergie ? De la nature, évidemment, mais aussi du plaisir que lui procurent ses nombreuses activités. « Le plaisir, c’est mon moteur ! », sourit-il. Et il peut en tout temps compter sur son épouse Norley Rochat dont il dit qu’elle est à la fois son épaule et son inspiration.