Nadège Rochat, le violoncelle comme une part de soi

Nadège Rochat se profile comme l’une des meilleures violoncellistes de sa génération. Née en 1991, elle a déjà une longue carrière derrière elle. La jeune femme a joué dans des salles prestigieuses telles que la Tonhalle à Zurich, le Mariinski Theater de Saint-Pétersbourg, le Carnegie Hall à New York ou le Victoria Hall de Genève, sa ville de naissance. Impossible de les citer toutes, tant il y en a. Et elle se produit avec des orchestres de renom comme l’Orchestre national royal d’Écosse avec qui elle a enregistré le concerto pour violoncelle d’Antonin Dvorak[1], le BBC Concert Orchestra ou la Staatskapelle de Weimar. 

Pourtant, ce n’est pas la célébrité qui intéresse Nadège. Ce qui l’intéresse, c’est le partage et la transmission au public. « Je souhaite ouvrir une porte sur la présence au monde, encourager l’imagination. Ce désir va bien au-delà de moi-même, explique-t-elle. J’ai appris le violoncelle, mais cela aurait pu être un autre instrument. Car, il est pour moi un outil de connexion, plus qu’une fin en soi. Enfant, vous m’auriez donné des casseroles, je me serais exprimée pareil. » 

La musique est tout son univers depuis sa naissance. Sa mère Dominique, violoniste et son père Laurent, altiste, sont tous deux des musiciens professionnels. Enfant, elle les entendait jouer et le désir de suivre leurs traces s’est imposé naturellement. « Mais mes parents ne voulaient pas m’enseigner, car c’est difficile d’être le professeur de son enfant. » Alors, à l’âge de quatre ans, ils la confient à sa tante, la violoncelliste, Fabienne Diambrini Rochat. À l’âge de quinze ans, elle déménage avec sa mère à Cologne, où elle suit la classe de Maria Kliegel à la Musikhochschule, réputée pour être l’une des meilleures écoles de musique d’Europe. En 2013, elle ira poursuivre sa formation à la Royal Academy of Music de Londres.

Mais au-delà du travail et de l’étude, il y a l’émulation de sa « grande » famille. Ses parents bien sûr, mais aussi ses sept frères et sœurs, tous musiciens, ou du moins, artistes : Mathis réalise une belle carrière internationale en tant qu’altiste et Clélia fait beaucoup parler d’elle comme photographe. Quant à Pablo, dit Pesto Pablo, s’apprête à sortir un disque de musique électronique. « Toute mon existence a baigné dans la culture, la peinture, la philosophie, la littérature, qui m’ont nourrie en tant que personne mais aussi en tant que musicienne, raconte-t-elle. Nous n’avions pas beaucoup d’argent. Notre richesse était intellectuelle et artistique. Cela a été ma force. » Il y avait aussi une grande exigence. Les interprétations, les sons, étaient commentés. De quoi marquer la personnalité d’une enfant aussi passionnée.

Cette amoureuse du répertoire classique, de Schumann à Schubert en passant par Dvorak, parce qu’ils « parlent presque tellement leur chant est expressif, organique », s’intéresse aussi au flamenco, au tango et à la danse orientale. Avec le guitariste espagnol Rafael Aguirre, elle forme un duo qui se produit partout dans le monde. Que représente son violoncelle pout elle ? « Il fait partie de moi, comme mon bras, ou ma jambe. Nous sommes inséparables. »


[1]Nadège Rochat, Royal Scottish Orchestra, Benjamin Levy, « Dvorak & Caplet: Cello Concertos”, Ars Produktion, 2021