Marc Rochat, le ski de compétition ou la conquête de la liberté

Marc Rochat alterne entre deux personnalités, différentes bien que complémentaires. « Je suis à la fois un Lausannois qui adore la ville et un skieur valaisan avec une passion pour la montagne », décrit-il sobrement. Il tient de sa mère Camilla Capra-Rochat, d’origine italienne, son penchant pour la ville et son plaisir à se plonger dans le mouvement perpétuel des grandes métropoles. Et il a hérité de son père, l’avocat lausannois Jean-Philippe Rochat, l’amour de la montagne. Depuis toujours, il passe ses week-ends et ses vacances dans le chalet de Crans-Montana, où la famille fait des marches en montagne l’été et l’hiver … du ski : « Mon père est un grand passionné de sport et a beaucoup travaillé dans le domaine du sport et surtout du ski alpin au niveau national. »

Les frères aînés de Marc sont membres ski club de Crans-Montana. Comme tous les benjamins, il veut suivre les traces des plus grands. Il entre au club deux ans avant l’âge prescrit. Et ce qui n’est au début qu’une activité de week-end, finit par prendre toute la place. Marc commence à s’entraîner même en semaine. Puis s’ensuivent les courses et les voyages avec l’équipe. Particulièrement doué pour cette discipline qui le passionne parce qu’il pouvait s’y « exprimer pleinement », il devient rapidement skieur professionnel. Il rejoint l’équipe junior à 18 ans, et une année plus tard, il est sélectionné par le cadre C de l’équipe nationale. « C’était un pari sur moi-même, car le ski alpin est un sport à haut risque de blessures et que les chances d’arriver au sommet sont minces, raconte-t-il. Mais je l’ai pris comme une chance de faire de ma passion ma profession. »

L’investissement personnel est énorme. « J’ai dû faire croix sur un vie sociale d’adolescent, explique-t-il. Quand mes copains faisaient la fête, moi je m’entraînais. Au départ, c’était un sacrifice. Mais j’ai vite compris qu’il n’y a pas d’autre manière de réussir. » Il considère le sport comme une école de vie. « Le ski m’a confronté très tôt à moi-même et j’ai appris à me connaître réellement. » Très jeune, il conquiert son autonomie, apprend la ponctualité, la rigueur et le respect. Ce sont des valeurs pour la vie. « Je suis persuadé qu’elles seront des outils précieux pour la suite. »

Marc a dû aussi apprendre à gérer la pression. « Quand je me trouve au départ d’une course, avec 100 000 spectateurs, mes entraîneurs et mon entourage qui m’attendent, je dois gérer une énorme responsabilité à leur égard. » Seule ombre au tableau, à ce niveau de la compétition, l’athlète doit apprendre à taire ses émotions. « Malgré la famille, les amis, c’est un fardeau de solitude aussi bien au départ qu’à l’arrivée. » Sa plus belle course ? « C’était en décembre 2017, à Fjätervaalen en Suède, lors de ma première victoire en coupe d’Europe, se souvient-il. J’ai réussi à battre mes démons, à dompter mes émotions et mes doutes. J’ai skié pleinement et retrouvé la sensation de liberté totale que j’avais tellement aimée enfant. »

Né en 1992, Marc sait que tout cela ne durera pas. « Mes années sportives sont comptées, mais j’ai accepté le fait que cela terminera un jour. Je suis serein. » D’autant qu’il possède d’autres cordes à son arc. Il a redécouvert le golf, qu’il décrit comme un cadeau du ciel : « C’est un sport incroyable où je pourrai faire de la compétition jusque très tard ». Il est connu aussi au sein de l’équipe suisse comme un excellent imitateur, un jeu qu’il pratique avec ses frères depuis son plus jeune âge et qu’il utilise de manière à mettre de la légèreté dans le quotidien de ses entraîneurs et coéquipiers. Ce 22 janvier 2022, à l’heure d’écrire ces lignes, il a sauvé l’honneur de l’équipe suisse en terminant dans le « top ten » du slalom de Kitzbühel après une fantastique première manche.