Hélène Rochat, l’émerveillement face à la perfection du monde

Son attachement à la défense de l’environnement, si profond qu’elle en a fait son métier, la jeune femme née en 1986, le doit à sa propre sensibilité. Depuis toujours, elle a conscience de la nécessité de protéger et sauvegarder le vivant. « Plus on apprend comment les choses sont liées entre elle, plus on prend conscience que la nature est une machine parfaite, que l’homme essaie de répliquer. Mais elle est bien plus complexe et performante que lui ! » Pour illustrer son propos, elle s’émerveille face à l’équilibre créé par l’océan entre la salinité et les courants pour que l’Europe reçoive suffisamment de chaleur pour garantir des conditions viables.

Quant à sa curiosité pour les voyages, l’ailleurs et la rencontre avec l’autre, Hélène Rochat, qui parle cinq langues, la doit à ses parents, Marc-Henry expert-comptable à Genève et à sa mère Eileen, d’origine américaine. Très tôt, ils l’ont emmenée passer des vacances ailleurs, à Chicago notamment, où elle a découvert et vécu de l’intérieur une autre culture : « C’était important pour eux et cela m’a rendu curieuse et capable de m’adapter à toutes sortes de situations, raconte-t-elle. Les voyages gardent l’esprit ouvert. Surtout dans cette période où le repli sur soi gagne du terrain. » Plus tard, cette curiosité l’emmène pour de longs séjours à Berlin, Pékin ou encore Boston.

Son premier séjour en Chine, où elle se rend pour étudier le mandarin, forge sa conviction qu’il faut agir : « J’ai été impressionnée par le niveau élevé de pollution. C’était la confirmation que je voulais me lancer dans la défense de l’environnement, comme un déclic dans ma tête.  »

Alors, dotée d’un fort esprit scientifique, un esprit qui aime comprendre comment les choses fonctionnent, Hélène Rochat se lance dans un cursus de géosciences et environnement à l’Université de Lausanne, couronné par un master en sciences environnementales, obtenu auprès de l’EPFZ. « Durant mes études, j’ai principalement travaillé sur les outils de l’écologie, à savoir comment mettre en place des réglementations, comment travailler sur le terrain. » Mais elle éprouve des doutes. « C’était déprimant, nous avions l’impression d’assister à la fin du monde, témoigne-t-elle. À un moment, je me suis même demandé s’il ne valait pas mieux ne rien savoir. » Heureusement, son pragmatisme prend le dessus grâce à un cours d’écologie industrielle, qui offrait des solutions pour remédier au problème : comment utiliser les ressources de manière rationnelle ou recycler les déchets

Aujourd’hui, cette doctorante en sciences de l’environnement se sent fière de ce qu’elle accomplit. Concrètement, elle s’occupe de promouvoir l’efficacité énergétique dans les appareils et machines consommant de l’électricité. Avec l’Union européenne, elle participe notamment au projet de création d’étiquettes énergétiques, en s’assurant que les critères soient assez stricts pour influencer le marché pour obliger les sociétés européennes à se montrer innovantes. Certaines normes sur les niveaux d’efficacité énergétiques d’appareils introduits sur le territoire européen ont été adoptées par l’UE, basées sur ses recommandations et ses travaux. « J’ai l’impression de contribuer à faire bouger les lignes », précise-t-elle.

Hélène Rochat vit à Zurich avec son mari, ingénieur en informatique, d’origine bengalie, et dont elle a appris la langue. « Quand on parle une langue, on parvient à mieux comprendre, à mieux décoder l’attitude des gens », commente la jeune femme, pour qui il est très important de ne pas être dans le jugement et d’accueillir la différence. Un outil précieux pour cette jeune femme qui met un point d’honneur à accueillir la différence.