Isabel Rochat, une vie pour la collectivité

À Genève, Isabel Rochat est bien connue de ses concitoyens pour son engagement politique. En tant que maire de sa commune de Thônex, mais surtout en tant que conseillère d’État. Une trajectoire remarquable pour cette passionnée, quatrième femme à occuper un tel poste dans ce canton. Décrite comme « courageuse, chaleureuse et douée d’une grande qualité d’écoute », aussi bien par ses partenaires que par ses adversaires, elle entre en politique par hasard, avant d’y prendre goût : « J’habite près de la Mairie et cette proximité m’a inspirée. J’ai commencé par présider la section du parti libéral de ma commune. J’y ai pris beaucoup de plaisir et acquis une connaissance du terrain très utile pour la suite. »

Née à Thônex en 1954, Isabel grandit dans la maison familiale, entourée de parents aimants. Sa mère, fonctionnaire internationale d’origine britannique, jouera un rôle primordial dans son destin. « Ma sœur cadette et moi avons été éduquées avec comme ligne de conduite l’indépendance et l’autonomie, se souvient-elle. Ma mère était féministe avant l’heure. Elle avait une forte personnalité. Elle était très déterminée. Elle a été un modèle inspirant. » Aujourd’hui, Isabel vit toujours dans la maison familiale, rénovée par son fils, l’architecte Olivier Rochat.

À son poste de maire, Isabel Rochat a notamment pour ambition un développement harmonieux de sa commune en bonne entente avec le canton : « C’est ainsi que j’ai fait mes premiers pas dans les enjeux cantonaux. » Quand en 2009 son parti lui propose de se présenter sur la liste pour le Conseil d’État, elle accepte. « Mes succès au niveau communal me disaient que j’étais à ma place, c’était une suite logique », explique-t-elle. Élue, Isabel Rochat sera chargée du Département de la sécurité, de la police et de l’environnement, puis dès 2012, du département de la solidarité et de l’emploi. « Le jour de mon élection, j’ai ressenti de la fierté et … une immense responsabilité. » Dans sa fonction, elle prend en charge de nombreux projets, créant notamment 100 nouvelles places de prison, absolument nécessaires. « À chaque fois qu’une loi que j’ai initiée a été votée, ou que mon action a amélioré le service public, j’ai ressenti une grande joie, évoque-t-elle. Voir mes collaborateurs heureux d’avoir accompli leur mission me motivait à poursuivre. »

Mais son engagement ne s’arrête pas aux frontières de Genève. Aux côtés de son époux Charles-Henry, urologue et pionnier de la chirurgie robot-assistée, qu’elle soutient dans son œuvre humanitaire en Afrique où il développe des programmes de traitement et de prévention dans le domaine des fistules obstétricales, Isabel Rochat ouvre une petite école au sein de l’hôpital au Togo pour les enfants subissant des hospitalisations de longue durée, ou cherche des donateurs pour une maternité et un centre de soin au Bénin. « Voir la détresse de certains m’a donné le recul nécessaire pour mieux aborder les aléas de la vie, et conféré une immense gratitude, ainsi que la conscience de la nécessité de rendre ce que j’ai reçu. »

Elle quitte la fonction politique en 2014, mais ne cesse pas d’œuvrer en faveur de la collectivité pour autant. La même année, le Conseil d’État la nomme médiatrice auprès du Bureau de l’Amiable Compositeur, fondé en 1995 et qui aide les membres de la communauté internationale confrontés à des conflits de droit du travail à trouver des solutions par le biais de la médiation. « C’est une suite cohérente dans ma carrière, d’une part parce que ma mère était fonctionnaire internationale et que j’ai été baignée dans ce milieu dès l’enfance et d’autre part parce que la Genève internationale faisait partie de mon département. » Elle est également présidente du Conseil de Fondation du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, où elle assure la bonne gouvernance de l’institution. « Cette mission aussi suit une vraie logique, et je l’ai acceptée avec enthousiasme. » En effet, lorsqu’elle entame ses études en sciences politiques auprès de l’Institut universitaire de hautes études internationales, c’est avec l’objectif de travailler comme déléguée auprès de la Croix-Rouge, même si ensuite la vie l’a emmenée sur d’autres chemins : « Cette institution fait partie de mon univers depuis toujours. »

Mère de trois enfants, Isabel Rochat se ressource auprès de sa famille et en montagne. Elle a gravi des sommets en Tanzanie, le Kilimandjaro, au Népal et a même participé à l’exigeante Patrouille des Glaciers. « La marche est méditative, c’est une source d’équilibre physique et mental, de réflexion et de calme.  » Une bénédiction pour cette femme engagée qui toute sa vie a recherché l’équilibre et le consensus.