Elisabeth, une passeuse de culture très XXème siècle

Femme d’autrefois, Elisabeth Rochat fait figure de modèle pour toutes les femmes d’aujourd’hui.

Femme d’autrefois, Elisabeth Rochat fait figure de modèle pour toutes les femmes d’aujourd’hui souhaitant se réaliser dans leur carrière et atteindre des postes de décision, tant le parcours de cette descendante de la famille Rochat, née au tournant du XXème siècle, est un exemple de persévérance, d’autorité et de créativité. Car, Elisabeth ne s’est pas contentée de diriger la bibliothèque municipale de Lausanne pendant un quart de siècle, elle a innové, développé et porté la réputation de cette institution au-delà des frontières de la cité vaudoise.

Née à Lausanne le 18 avril 1907, elle est la fille du directeur des postes Gabriel Rochat, lui-même originaire du Lieu. En 1930, elle obtient une licence ès lettres classiques à l’Université de Lausanne, une rareté à une époque où l’on considérait encore que la place de la femme était à la cuisine et à l’église, et sera engagée par la Ville de Lausanne comme bibliothécaire en 1938. Cinq ans plus tard déjà, elle en est nommée directrice. C’est le début d’une trajectoire marquée par la réussite, et une autorité certaine dans la manière de mettre en œuvres ses idées.

Et elle ne perd pas de temps, comme si tout était déjà clair pour elle. Une année après son entrée en fonction, déjà, elle innove en proposant l’agrandissement de la section adultes de la Bibliothèque, avec l’ouverture d’une vaste salle de lecture indépendante du service de prêt. Pourtant, elle ne s’arrête pas là puisque, la même année, elle ouvre une section destinée aux jeunes lecteurs, qui connaît un succès immédiat et vient confirmer que ses intuitions sont bonnes.

Son engagement en faveur de cette institution, de ses lecteurs et des livres est total. Elle est si engagée à promouvoir la lecture auprès du public, que la bibliothèque lui devra un essor qualifié par ses contemporains de « spectaculaire ». Et par ricochet, son rayonnement sur l’ensemble du territoire romand.

Mais elle ne s’endort pas sur son succès. Car elle est convaincue de la nécessité de créer un réseau de lecture publique en ville de Lausanne et d’autres lieux de rencontre entre le livre et les lecteurs, sous une forme ou une autre. Quel Lausannois n’a pas connu, enfant, le bibliobus chargé de livres, de rêves et d’histoires et qui sillonne la Ville pour venir à la rencontre des lecteurs ? Et bien, c’est à elle qu’on le doit.

En contrepartie, Elisabeth ne s’est jamais mariée. En son temps, on ne parlait pas de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. C’était le plus souvent, l’une ou l’autre. L’hommage que lui rendra la Ville de Lausanne à son décès à l’âge de 83 ans, souligne combien cette « Mademoiselle » laisse à tous ceux qui l’ont connue, le souvenir d’une personnalité cultivée, dynamique et attachante : « sa constante bienveillance et l’intelligence des conseils donnés sont une des raisons du succès de l’institution».