Charles-Louis Rochat

Le sens du service à la communauté

Charles-Louis Rochat a vécu toute sa vie aux Charbonnières où il est né en 1946. Aujourd’hui à la retraite, il occupe toujours la grande demeure familiale au bout du village, entourée de lacs et de forêts. Second d’une fratrie de trois, il passe une enfance heureuse dans cet environnement propice à la quiétude. Le regard droit et franc, il raconte : « Je suis né dans une famille de petits industriels. L’atelier d’horlogerie de la famille se trouvait dans la maison. Nos grands-parents vivaient à l’étage, et nous au rez-de-chaussée ». Il reçoit une éducation où l’indépendance tient une place primordiale, « entouré de gens qui assument leur destinée. » Avec ses aînés, très tôt, il parcourt de long en large la nature de la Vallée de Joux, et apprend à pêcher et à chasser.

Mais cette quiétude est trompeuse, tant la vie de Charles-Louis est riche, et son parcours impressionnant. Quand il le relate, c’est comme si ce n’était rien, un parcours dont il n’y a pas à s’enorgueillir, ainsi que l’exigent les valeurs profondes du protestantisme dont il est empreint .Afin de pérénniser l’entreprise et sans consultation préalable, son père a choisi : Il sera horloger. !… Après l’Ecole Technique, il obtient le diplôme d’ingénieur ETS A la sortie des études et suite au décès prématuré de son père, il partage sa vie entre l’atelier familial et le bureau technique de Jaeger Lecoultre. « Un moment, j’ai pensé partir vers de nouveaux horizons, mais ma mère m’a encouragé à l’indépendance. »

Il épouse Christine qui le secondera efficacement et donnera naissance à leurs 3 enfants.

Il reprend ainsi l’atelier spécialisé dans le commerce et la fabrication de la pierre d’horlogerie. Il en transforme plusieurs fois l’activité pour aboutir à la terminaison et la décoration de pièces d’horlogerie pour le haut de gamme. « Le haut de gamme veut des pièces parfaites. Une pièce qui arrive chez nous à l’état brut vaut 50 centimes, et lorsque l’ on y consacre une demi-heure de travail, vous imaginez la démultiplication du prix ! » En 1989, il achète une usine au Lieu, désormais dirigée par son fils Jacques-Adrien. La société Charles-Louis Rochat SA travaille pour les plus grandes marques de montres.

Mais cette activité n’est qu’une partie du chemin de Charles-Louis Rochat, où la politique tient une place prépondérante. Et c’est peu de le dire :« Dans ma commune, il y avait beaucoup de sociétés qui cherchaient des membres. Je me suis engagé. » Il devient secrétaire, puis président de village, puis municipal, député et Président du Grand Conseil vaudois. En mars 1998, il est élu au Conseil d’État du canton de Vaud devenant le premier habitant de la Vallée de Joux à y siéger.

« Cette campagne était harassante. Je me déplaçais d’un bout à l’autre du canton, sans répit, se souvient-il. C’est pourquoi, une fois élu j’ai décidé de partir en vacances avec mon épouse. Nous avons choisi le Maroc pour le soleil… et nous y avons trouvé la neige ! »

Au moment de l’attribution des départements, Charles-Louis a le choix entre « santé social » et « formation ». « Notre président de parti, l’excellent Maurice Meylan, auprès duquel j’ai requis conseil m’a dit d’un ton solennel : »Mon cheeer….: tu seras plus à l’aise avec les infrmières qu’avec les institutrices. » Dont acte ! Au basculement du siècle, Charles-Louis se retrouve ainsi à la tête du DSAS dèpartement qui réunit santé publique et affaires sociales. « c’était passionnant.tant par la diversité des enjeux que par la qualité des rencontres. J’ai dû manoeuvrer en tant que libéral dans un fief de gauche à une époque où il fallait rétablir les finances.et où mon département représentait le tiers du budget cantonal ! L’atmosphère était parfois tendue, entre manifestations diverses et fermeture des petits hôpitaux. »

Paradoxalement, le combat dont il est peut-être le plus fier date de sa jeunesse lorsqu’ il se bat pour la sauvegarde du lac Brenet contre des projets de construction d’usines et de villas et qui aboutit à un plan de classement « Je voulais protéger ce joyau. Cela m’a valu des inimitiés à vie, mais aujourd’hui je suis heureux de m’être mouillé pour cela. » Son amour de la nature reste intact et, quand il ne rédige pas des articles pour la Revue des chasseurs ou n’honore pas quelque mandat bénévole, il continue à parcourir les forêts avec ses chiens s’intéressant particulièrement à la bécasse des bois.dont il effectue des relevés destinés à une meilleure connaissance de l’oiseau.

Dans le couloir d’entrée de la maison familiale, il y toujours l’écriteau accroché là par son grand-père : « Le travail et l’honnêteté font la dignité de l’homme. » Une devise qui a jalonné l’existence de Charles-Louis… avec une pointe d’humour en plus précise-t-il !….