Jean-Philippe Rochat

Un esprit en arborescence

Jean-Philippe apparaît comme la quintessence même de la nature profonde des Rochat, des lignes de force qui les réunissent et modèlent leur identité. Né en 1957 dans une famille vaudoise attachée aux valeurs traditionnelles du protestantisme, telles que la valorisation de la connaissance, la responsabilité citoyenne ou l’implication sociale et politique, il personnifie la continuation de ces valeurs, avec un ancrage dans le canton de Vaud et un sens très fort du service public. « Mes parents, Maurice et Claire, m’ont transmis ces valeurs avec toujours une forte présence de nos racines et de notre histoire familiale, qui m’ont marqué pour toujours, raconte-t-il. Durant mon enfance déjà, l’histoire occupait une place importante dans ma vie. » Adolescent, il rêve de devenir archéologue, mais son professeur d’histoire l’en décourage : « J’avais une vision très romantique, très XIXe siècle de ce métier, qui ne correspondait pas du tout à la réalité de terrain où l’on passe plus de temps dans des archives que sur des fouilles en Égypte. »

Aujourd’hui avocat, il est à la tête de Kellerhals Carrard, qui est avec sa soixantaine de collaborateurs le troisième cabinet de Suisse, et le premier de Romandie. Mais la route pour y arriver a été longue et sinueuse. « J’avais, et ai toujours, une tendance à me disperser et de l’intérêt pour une multitude de domaines, comme le sport, la lecture, la géographie, si bien que je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir de vocation unique. » Cette curiosité à 360 degrés va l’amener à choisir le droit. « C’était la discipline qui me semblait offrir le plus large spectre d’opportunités, ce qui m’a amené par la suite, à l’économie et au commerce. » Il commence d’ailleurs sa carrière chez Publicitas, la poursuit dans la fiduciaire et la révision comptable, avant l’obtention d’un brevet d’avocat.

Parallèlement, Jean-Philippe fait carrière dans l’armée où il atteint le grade de lieutenant-colonel, commandant du bataillon de fusiliers de montagne. « C’est mon intérêt pour le pays et le service qui m’y a poussé, explique-t-il. Au service militaire, j’ai aussi trouvé un intérêt social avec des contacts que je continue à cultiver auprès de personnes de partout et de tous milieux. Et puis, l’expérience du commandement m’intéressait. » Il passe aussi quelques années en Suisse et à l’étranger

Au décès de son père, avocat comme lui, Jean-Philippe rentre à Lausanne pour reprendre une partie de la clientèle paternelle en association avec François Carrard, avocat, qui deviendra son maître à penser. « Ma carrière reflète les valeurs qui ont conduit ma vie et qui m’ont amené à pratiquer dans plusieurs domaines du droit, avec toujours ce souci de lien avec mes semblables et avec mon pays. » À côté de son métier d’avocat, il s’engage dans des associations diverses et des activités si nombreuses que l’on ne peut pas les mentionner toutes et pour lesquelles il ne compte pas son temps : il officie par exemple comme Président de la Commission des appellations des Vins vaudois ou comme Secrétaire général du tribunal Arbitral du Sport jusqu’en 1999. Au début des années 2000, il sera aussi Président du Ski Club Académique Suisse, Vice-président de la Fédération Suisse de Ski jusqu’en 2016 et Président du Comité de Candidature olympique « Sion 2006 » dont il se retire après avoir obtenu la décision favorable du Conseil fédéral. « Mes amis me demandaient pourquoi je me démenais autant, mais il me tenait à cœur de travailler dans l’intérêt de tous. Ma curiosité pour la diversité, c’est mon moteur. »

Quand il regarde en arrière, sa première fierté c’est sa famille, ses trois garçons, parmi lesquels le champion de ski alpin Marc. Même si, en raison de toutes ses activités, il n’a pas pu leur consacrer tout le temps qu’il aurait souhaité : « J’ai toutefois l’impression, avec l’appui déterminant de ma femme Camilla, de leur avoir transmis une ouverture et une force, qui leur permettent de faire leur chemin. » Avec eux, cet amoureux de la montagne a partagé sa passion du sport, du ski surtout, durant les week-end familiaux au chalet de Crans-Montana.

En devenant Président de l’Association 1480 de la famille Rochat, il poursuit sa passion de l’histoire. Et justement, l’ouvrage « Les Rochat, de la famille comtoise à la tribu vaudoise », qui est la première réalisation de l’association, sort le jour même de notre rencontre. « Je suis impatient de le voir et de le tenir dans mes mains. » Nous aussi.