Antoine Rochat

La famille avant tout

« La famille pour les Rochat, c’est très important ». Par ces mots, Antoine Rochat, né en 1959 à Lausanne, résume la valeur qui l’a accompagné toute sa vie durant. Son père Henri-Michel est pasteur au sein de l’Église nationale réformée à la Chaux près de Sainte-Croix, et sa mère Francine s’occupe d’Antoine et de sa sœur Caroline. En 1966, l’Église nationale réformée fusionne avec l’Église libre pour donner naissance à l’Église évangélique réformée du canton de Vaud. « La région n’avait plus besoin de deux pasteurs, c’est ainsi que nous avons déménagé à Montreux ».

Sur les rives du lac, face au merveilleux paysage de la Riviera, Antoine Rochat coule une enfance et une adolescence simples et heureuses, entre le scoutisme, son goût pour les trains électriques et le Festival de jazz. « Mon père a collaboré aux célébrations œcuméniques dans le cadre du festival de jazz et plusieurs artistes, de gospel notamment, sont venus à la maison. C’étaient des rencontres fantastiques », se souvient-il. En 1977, avec sa bande de copains, Antoine décide de prendre une semaine de vacances pour se plonger dans la musique. « Mes parents nous ont laissé l’appartement. Nous allions aux concerts, nous dormions jusqu’à midi, nous mangions quelque chose et nous y retournions. » Des vacances typiques des jeunes de l’époque. « J’ai assisté aux concerts de Dizzy Gillespie, Ella Fitzgerald, Count Basie ou Oscar Peterson. Ils faisaient des jams jusqu’à pas d’heures et c’était extraordinaire. Aujourd’hui, j’aime toujours le jazz. »

Après le gymnase, Antoine opte pour le droit. « Malgré ma foi, je ne souhaitais pas suivre les traces de mon père. J’ai vécu les mauvais côtés de son ministère, avec des paroissiens qui le sollicitaient jour et nuit, quand une personne mourait par exemple, raconte-t-il. Mon oncle avait une étude de notaire et j’avais déjà un aperçu de ce métier. Si j’ai choisi d’être notaire et non avocat, c’est parce que de nature je cherche plutôt la conciliation que la bagarre. » Il obtient sa patente à Lausanne en 1989 et s’associe avec Jacques Zumstein, et avec son oncle Pierre Rochat, enfin dès 1995 avec Henri Laufer.

Sa thèse de doctorat intitulée Le régime matrimonial du pays de Vaud à la fin de l’Ancien Régime et sous le code civil vaudois l’amène à parcourir les archives du Tribunal cantonal, au Maupas et à Dorigny. « C’était une période très agréable, dit-il. J’ai travaillé sur la pratique, les actes notariaux du XVIIIe et XIXe siècle. Il en ressortait un côté humain, et aussi historique. » Nous y voilà ! Car l’histoire et la généalogie occupent une part importante de l’existence d’Antoine Rochat. Et là encore, le terreau a été préparé par la famille. « Mon grand-père paternel, instituteur et militaire, est décédé en 1943 en service actif, raconte-t-il. Depuis lors, la famille se retrouve chaque année pour un pique-nique ou une broche sur les hauts de Vouvry, là où il est décédé. Et l’année prochaine, ce sera les 80 ans de sa mort. C’est dans cet événement que ma passion pour la généalogie trouve ses racines. »

Avec son cousin Alain Rochat, l’écrivain et poète vaudois, directeur des Éditions Empreintes, Antoine fait des recherches dans le registre de l’état civil et des pasteurs des différentes communes. « Nous sommes remontés jusqu’en 1660, à la naissance d’Enoch. Et nous avons même fait des tests ADN pour vérifier que nous descendions bien de Vinet, le fondateur de la lignée en 1480. » Ce qui est le cas. En ressort un magnifique arbre généalogique de sa branche des Rochat, qu’il montre avec une fierté évidente, et justifiée.

À côté de son métier de notaire, Antoine Rochat est gérant de la Bourse d’Études des Jeunes Rochat dès 1991, assesseur au tribunal administratif vaudois dès 1991 et directeur de la Bibliothèque historique vaudoise où il succède à Colin Martin en 1997. « Notre but est d’aider les étudiants à rédiger leur thèse, explique-t-il. Et cette fonction m’a amené à collaborer dans le cadre de l’Association pour l’histoire vaudoise, à la publication en 2015 d’une Histoire vaudoise. Désormais, nous travaillons sur un atlas historique du canton. » Il est un autre projet qui lui tient à cœur, la rédaction d’une future publication sur le Major Davel, grande figure historique du canton. Dès 2018, il est également trésorier du comité de l’Association de la famille Rochat, qui publie dans quelques jours la riche monographie Les Rochat, de la famille comtoise à la tribu vaudoise, dont il s’apprête à fêter la sortie. Mais sa plus grande fierté, ce ne sont pas ces réalisations. Ce sont sa famille, sa femme Anne et leurs trois enfants, Jean, Christine et André. Et il le dit avec autant d’émotion que peu de mots.